mardi 23 juin 2009

Envol

En fait, tout se passait bien jusqu'à ce que Tarzan monte dans l'avion.
Certes il lui avait fallu payer une amande pour avoir oublié d'imprimer son billet d'avion, mais emporter par l'ivresse du départ, cela lui importait peu. Car il allait enfin voir l'Irlande, pays qu'il avait toujours rêver de voir. Terre de paix où la nature était restée belle et sauvage, et habitée par un peuple que tout le monde disait accueillant et chaleureux, et où la bière était boisson nationale.
Bref Tarzan était aux anges, malgré la pluie. Un dernier regard sur le billet d'avion: non, toujours pas d'indication de siège. Tant mieux, il pourrait se mettre à coté d'un hublot pour admirer le paysage, même si celui-ci risquait fort de ressembler à un immense et monotone océan de coton. Perdu dans ses pensées, Tarzan ne remarqua pas tout de suite la charmante hôtesse qui lui tendait la main pour vérifier son billet:
"Thank you, dit elle en lui rendant le billet.
- De rien". Aïe, échec... Mauvais réflexe, il devrait s'y faire.
Pas de place à coté des hublots, à croire que tout le monde avait eu la même idée et voulait admirer le beau ciel nuageux de Touraine. Faute de hublot, il trouva deux places libres. Au moins, il aurait de la place pour s'étaler. Il vérifia rapidement les alentours: pas de chieur en culotte courte prêt à secouer le siège du passager de devant, pas de bébé en manque d'affection qui pleurerait durant tout le vol, pas de mamie grabataire qui essaierait de lui faire la conversation... tout était OK.
Après quelques difficultés pour ranger sa gigantesque mallette d'ordinateur (qui lui firent maudire une fois de plus le jour où il avait commandé son ordinateur sur internet, sans savoir qu'il s'agissait d'un 17"), Tarzan pu enfin s'asseoir sur son siège. Il regarda avec un sourire la porte de l'avion se fermer, puis ferma les yeux en attendant les habituelles règles de sécurité. Qui arrivèrent bientôt, en anglais. Il écouta d'une oreille distraite, essayant de comprendre un mot par ci par là. Si il n'avait pas déjà entendu ces règles quelques années auparavant, il n'aurait pas pu dire de quoi il s'agissait. Heureusement qu'ils allaient les répéter une deuxième fois en français. Tout du moins, c'est ce qu'il croyait. Car au lieu du petit discours sur le gilet de sauvetage que Tarzan attendait, il entendit le grondement des réacteurs se mettant en marche, et l'avion avança pour atteindre la piste.
Il réalisa alors dans quelle situation il se trouvait: il partait pour deux mois dans un pays dont il ne connaissait rien, sans un plan, sans savoir où se trouvait son logement, et surtout en sachant a peine parler anglais. L'idée de sortir de l'avion en courant lui traversa l'esprit. Trop tard. Il se sentit coller à son siège par l'accélération.
L'avion s'éleva dans les airs, quittant le sol de France, et emportant avec lui Tarzan qui jeta un regard paniqué vers le sol avant que l'avion n'atteigne les premiers nuages.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire